L’avortement
L’IVG n’est pas un acte anodin dans la vie d’une femme. Il est donc primordial que vous soyez bien informées avant de faire votre choix sur ce qu’est l’avortement.
De quoi s’agit-il exactement ?
L’IVG peut se pratiquer de deux façons.
L’IVG médicamenteuse
L'avortement médicamenteux consiste en l'administration de deux types de médicaments :
- une antihormone : le RU 486 ou mifépristone
- une prostaglandine : le misoprostol
L'IVG médicamenteuse peut être pratiquée jusqu'à la 7e semaine d'aménorrhée sans hospitalisation, et jusqu'à 9 semaines d'aménorrhée avec hospitalisation.
La prise de mifépristone induit sur le blocage de la progestérone ce qui a une influence :
- sur l'endomètre (utérus) : baisse des B-HCG ;
- sur le myomètre (muscle de l'endomètre) : une augmentation de sa contractilité ;
- sur le col de l'utérus : ramollissement.
L'ensemble de ces actions vise l'arrêt de la grossesse et l'expulsion de l'embryon.
L’IVG chirurgicale
L’avortement par aspiration est la méthode la plus souvent utilisée entre la 8e et 12e semaine de grossesse. À partir de ce stade, l’avortement médicamenteux devient problématique et souvent contre-indiqué. L’intervention chirurgicale peut se faire sous anesthésie locale ou générale. L’option retenue est faite en accord avec le médecin anesthésiste qui doit prendre en compte les risques respectifs des deux options.
Comme pour un examen gynécologique, le vagin est d'abord élargi à l'aide d'un spéculum. Ensuite, le col de l’utérus (canal cervical) est dilaté avec des tiges en métal ou en plastique (dilatateur, bougie). Cette dilatation est douloureuse. Aussi, une anesthésie générale (ou locale par des injections autour du col) est indispensable. La canule reliée à un appareil aspirateur est introduite par le col. Le fœtus est alors aspiré par la canule. Souvent, la paroi de l'utérus est « contrôlée » avec une curette (instrument en forme de petite cuillère) et d'éventuels résidus du fœtus sont évacués. L'intervention se fait nécessairement dans une clinique médicale disposant des installations et du personnel nécessaires.
Une visite de contrôle doit intervenir impérativement entre 2 et 3 semaines après l’intervention chirurgicale. Elle permet de s’assurer qu’il n’existe pas de complication. Une échographie est très souvent faite car, il peut y avoir, par exemple, une infection utérine ou une rétention de fragments de fœtus.
Que se passe–t-il après l’avortement ?
L’avortement, en tant qu’interruption artificielle d’un cycle biologique conduisant normalement à la naissance d’un enfant, peut avoir des conséquences psychologiques importantes.
Au sentiment premier de libération ou de soulagement d’avoir trouvé « une solution » au problème, succèdent généralement assez rapidement des sentiments de regret, de culpabilité, voire de détresse.
Des troubles, recueillis sous le nom de Syndromes Post-abortif (expression utilisée pour la première fois par le Dr Vincent Rue, directeur de l'institute of Post Abortion Recovery, à Portsmouth dans le New Hampshire) apparaissent, parfois assez rapidement. Ce syndrome est classé parmi les stress post-traumatiques (donc issus d’un évènement psychologiquement traumatique). L’analyse de ces troubles permet de mettre en évidence plusieurs symptômes liés à l’avortement : larmes, impression de vide, perte de l’estime de soi, sentiment d’échec, de culpabilité, irritabilité, troubles de l’appétit, anxiété, insomnies, cauchemars, dépression, perte de libido, troubles sexuels, capacité moindre à aimer, à se soucier des autres, détresse morale, détresse psychique, voire suicidaire.
Quelques chiffres issus d’une étude de l’Elliot Insitute pour illustrer certains de ces troubles :
8 semaines seulement après leur avortement :
- 44% de femmes se plaignent de désordre nerveux
- 36% de femmes se plaignent de troubles du sommeil
- 31% de femmes regrettent leur décision
5 années après :
- 25% des femmes ont eu recours à un psychiatre contre 3% en temps normal
- 60% des femmes qui ont des séquelles post avortement ont des idées suicidaires et 28% font une tentative de suicide
Divorce et problèmes chroniques de relations :
- 60 à 70% des couples se séparent après un avortement
Chaque femme réagit différemment à l’avortement, en fonction de son histoire, de ses blessures, de la réalité de sa vie conjugale. Il n’y a pas vraiment de règles sur le sujet. Certaines femmes vont réagir 10, 20, voire 30 ans après un avortement.
Comment se reconstruire après un avortement ?
Toute grossesse établit un lien biologique très précoce entre la mère et l’embryon et toute perte embryonnaire ou fœtale nécessite un détachement, qui s’accomplit lors du processus de deuil.
En réalité, très rares sont les femmes que l'IVG laissent indemnes. Même si elle est enfouie au plus profond du cœur et du corps et que beaucoup ne laissent rien transparaître, la blessure est pourtant toujours là, un rien suffit à la rouvrir, un événement anodin.
Beaucoup de femmes s'interdisent de nommer leur souffrance et d'en parler. Elles considèrent qu'ayant décidé librement d'avorter, elles doivent assumer seules ce choix et préfèrent se protéger en se murant dans le silence. Ainsi on peut s'enfermer sur son mal-être, enfouir ses problèmes et ne plus vivre mais survivre comme on peut.
Il est donc important de se donner le droit de parler, de pleurer, d'exprimer les sentiments qui se bousculent, même s'ils sont contradictoires. S'autoriser à dire ce qu'on a sur le cœur : sa peine, ses doutes, sa colère envers son conjoint, ses parents, son sentiment de culpabilité…
Oublier ? Ce ne sera jamais totalement possible. Mais il est possible d’apprivoiser cet évènement, de vivre avec et de s'apaiser progressivement. Ce chemin de soulagement intérieur est souvent balisé par plusieurs étapes, repérées par les psychologues :
- Sortir du déni : reparler de cet avortement, de ce qui s'est passé.
- Accepter et exprimer son ressenti, même déplaisant, oser écouter la diversité des émotions qui habitent son cœur, les nommer et avancer sans crainte sur ce champ de bataille... qui parasite peut-être tout un pan de sa vie.
- Reconnaître l'importance de l'acte commis, penser à cette vie interrompue pour pouvoir faire le deuil de cet enfant en lui redonnant sa propre place dans sa vie... et pourquoi pas un nom, "son" nom puisqu'il a existé.
- Enfin, et surtout: se pardonner à soi-même ! Cette démarche est parfois complexe et longue mais elle est indispensable car la culpabilité enferme dans le passé et dans une attitude destructrice pour soi et pour les autres.
En savoir plus sur l'IVG en visionnant le reportage : "L'IVG n'est pas un acte anodin"