Voila il y a 16 ans, j’ai avorté. Comment ai-je pu tordre le bras à mes convictions à ce point ? Je me le demande encore. Voici mon histoire résumée en quelques mots : J’ai 22 ans et je suis amoureuse d’un garçon depuis trois ans, je réalise un jour que je suis enceinte... Le sol se dérobe sous mes pas ; je m’empêche de toutes mes forces de penser à ce petit être qui est dans mon ventre sans l’avoir demandé. J’informe le père mais il refuse toute discussion : il refuse que je mette au monde un enfant qui ne portera jamais son nom et il refuse d’en parler à ses parents ; bref, il refuse totalement ses responsabilités. Quant à moi, impossible de mon côté d’en parler à ma propre mère : j’ai terriblement peur d’elle et pense qu’elle a déjà eu suffisamment de difficultés dans la vie : violence conjugale, divorce, chômage. Je me sens plus seule que jamais et le courage commence à me manquer. L’idée d’avorter fait ainsi son chemin. Malheureusement, je ne connais pas encore les associations d’aide aux femmes en détresse qui existent dans ma ville. Je ne connais pas non plus les terreurs physiques et psychologiques que je m’apprête à vivre car, de cela, personne ne parle. La visite chez le gynécologue qui doit pratiquer l’avortement me laisse un souvenir amer, agressif et très profondément triste.